La fraude au président suit toujours le même schéma
Nous l’avons vu dans les précédents épisodes qui parlent de ce sujet (épisodes 2, 3 et 5), la fraude au faux président suit un schéma précis :
- L’importance : la fusion/acquisition en cours est d’une importance stratégique pour l’entreprise. Et Sandie veut bien faire pour être utile à son employeur. Elle va faire tout ce qu’il faut pour ne pas faillir.
- L’urgence : la victime ne doit pas avoir le temps de réfléchir. Le fraudeur l’installe immédiatement dans cette urgence. Et Sandie commence dès le premier jour à faire des virements.
- Des messages répétés : Le fraudeur va maintenir Sandie sous pression. Il multiplie les messages et les appels téléphoniques. Il met en place une procédure très organisée pour vérifier régulièrement qu’elle suit ses instructions à la lettre.
- La valorisation : la flatterie met la victime en confiance. C’est elle la bonne personne pour mener à bien l’opération. On compte sur elle pour ne pas faillir… Et on l’enferme dans cette certitude.
- La confidentialité : pour éviter que l’opération capote, la victime ne doit en parler à personne. Ni ses collègues, ni sa famille, ni son employeur. Et surtout pas à oralement.
Après être entrée dans ce cercle vicieux, il est extrêmement difficile d’en sortir avant qu’il ne soit trop tard.
Un contexte fragile
Forcément, Sandie se sent coupable, nulle, incompétente.
Mais la victime, c’est elle, avant d’être son entreprise. Et plusieurs éléments l’ont exposée au risque qui s’est traduit par cette fraude.
Le premier est lié au contexte économique : en juillet 2020, l’entreprise sortait tout juste du confinement lié à la COVID-19. Les aides gouvernementales, le chômage partiel et les PGE (Prêts Garantis par l’Etat) ont favorisé l’accroissement de la trésorerie de l’entreprise. La perspective que ses dirigeants aient identifié une cible pour une croissance externe est tout à fait plausible.
Le second élément qui a favorisé cette fraude est lié au processus de paiement : Sandie pouvait réaliser des virements seule, sans l’intervention informatique de son dirigeant. Une signature manuelle sur un document papier n’a jamais empêché d’envoyer un virement à la banque. La preuve.
Le dernier point de fragilité à noter est lié à la relation de Sandie avec son patron. Le dirigeant est plus occupé à gérer ses clients et sa production industrielle qu’à veiller sur sa comptable. Et on peut très bien le comprendre. Mais ce manque flagrant de communication a permis aux fraudeurs d’isoler facilement Sandie de sa hiérarchie. Et là le conseil que vous donne Fabien Pelletier dans son témoignage de l’épisode 2 prend tout son sens.